Je peins (je ne travaille jamais) toujours très vite, très
vite et très longtemps. La rapidité et la fulgurance impliquent une remise en
question constante et pour cela bien sûr un grand nombre de tableaux me sont
nécessaires (je décide rapidement, aussi, une fois finis, si je les garde ou
pas). Il y a quand même une logique puisque chaque tableau conservé doit donner
une impression de surgissement. Ce surgissement implique des profondeurs, des
effacements. Ne peut surgir que ce qui fut effacé.
On ne peut surgir de nulle part.
Par le truchement de la peinture être comme au tangible du vertige, être emporté par le regard, pénétré, être la perception, celle par qui - tous les sens assaillis dans l’instant par la multitude d’informations de la surface colorée, ses trajectoires, la vastitude, le silence, les bruits - je suis au monde. Qu’est-ce qui naît ?
Par le truchement de la peinture être comme au tangible du vertige, être emporté par le regard, pénétré, être la perception, celle par qui - tous les sens assaillis dans l’instant par la multitude d’informations de la surface colorée, ses trajectoires, la vastitude, le silence, les bruits - je suis au monde. Qu’est-ce qui naît ?
Et bien disons la naissance elle–même. Ce n’en est même pas
le signe. Elle ne peut-être signifiée. Le signifié, c’est le lisible, la
convention, le temps de l’arrêt, ce qu’il faut, c’est arriver à s’échapper de
cette hantise de la forme contournée, dessinée, et de la chose sûre d’avance.
Si l’on regarde une source jaillir, le bouillon de la source sourd (héhéhé) là
où l’on s’y attend toujours le moins, il est là, mais non, il sort là, comme le
poisson qui claque la plate surface de l’étang. C’est cela vivre, être
attentionné au monde et non pas essayer de plier le monde à ses complaisances.
Par exemple cette couleur, je vous la montre du doigt, on a l’impression qu’elle
est en train de jaillir, en train d’être, en train de se faire, mais aussi se
faisant il y a le disparaître. Il n’y a pas quelque chose qui ne se fasse sans
aussi se défaire.
Sans répit j’ai attaqué, couvrant, triturant, accordant,
plié à cette recherche à cette approche de la mouvance de cette indicible
ondulation qui, avant de saisir le regard, a pris mon être entier de son
invisible action.
Ces traces, ces taches n’ont, du moins pour le spectateur,
aucun référent. En ce sens leur autonomie est entière. Mais le mouvement qui
leur donna lieu « répond » , dans toute sa liberté, à l’acte d’un
regard pour lequel la figure réelle n’a jamais cessé d’être une
« puissance » visuelle, une sorte de matrice signifiante, génératrice
de formes, et de lumière, beaucoup plus que de simples contours dessinés.
À suivre.
Christian Astor
Vendredi 29 janvier
Samedi 30 janvier
Dimanche 31 janvier 2016.